Les Sirènes et le Temps

Il existe des spectacles d’un moment quand d’autres sont atemporels. Le Temps des Sirènes est les deux à la fois. La situation de ces deux femmes ayant la cinquantaine, sirènes frustrées et caribéennes, peut être à la fois spécifique, mais aussi celle de nombreuses femmes de par le monde à d’autres époques. L’occasionnel peut être perçu comme une expression de l’essentiel, selon Hegel.

Silvia Barreiros et Margarita Sanchez, comédiennes de la Compagnie Apsara, ont joué au Café Théâtre Macubá, où elles ont pu ressentir la chaleureuse solidarité du public. La mise en scène propose simultanément une symétrie toute académique à un laisser-aller plus populaire. Le Café Théâtre Macubá était le lieu rêvé pour profiter aussi de la musique du spectacle en live, résonnant avec les scènes parlées de l’œuvre jouée ; en effet, les musiciens sont si bien intégrés dans le spectacle, qu’on identifie comme les voisins de chambre un peu bruyants des sirènes.

Ce conflit, très anti-Shakespearien, est celui de ces deux femmes qui ne peuvent construire leur destin et bâtissent alors plutôt leur contre-destin. En effet, elles désirent avancer, mais leur chemin est celui de la perdition. Antinomies et ironies truffent leur voyage. Le spectacle nous touche profondément, de par son caractère social, récit d’amour, de violence, de tendresse et d’injustice sociale : les problèmes politiques et sociaux virent au cauchemar dans l’esprit et le corps des êtres humains. Au théâtre, la revendication sociale revêt, par la force des choses, un caractère attachant.

La tragédie de ces femmes apparaît peu à peu sous les formes les plus diverses et inattendues, que le public découvre soudain sous les auspices les plus quotidiens. Plus le théâtre est artistique,  plus il est divertissant, une formule qui aurait plu à Bertold Brecht.

Revista cultural

Imágenes de 15h à 17h

Radio Revolución

Pascual Díaz Fernández

Santiago de Cuba, 11 décembre 2016